L'avocette élégante

Les deux sexes ont un plumage semblable, mais la femelle a le bec plus court et plus droit que le mâle. Les adultes ont le corps blanc avec les scapulaires et les côtés du manteau noirs. Sur le dessus de l’aile, les petites couvertures externes et les moyennes sont noires, tout comme les six rémiges externes. Au repos et de profil, on peut voir trois bandes noires qui traversent le plumage blanc de l’aile.

L’avocette fréquente les lagunes, les vasières et les estuaires. Elle affectionne particulièrement les zones où l’eau est calme et peu profonde qui lui offre un habitat parfait pour se nourrir et se reposer.

Elle utilise son bec pour "balayer" la surface de l'eau et se nourrir de petits crustacés, insectes aquatiques, vers et autres organismes microscopiques.

L'avocette élégante vit dans une grande partie de l'Europe, son territoire se poursuit dans l'ouest et le centre de l'Asie jusqu'au sud-est de la Sibérie ainsi que jusqu'en Mandchourie, dans le nord-est de la Chine. Elle peut être vue jusqu’à 3000 mètres d’altitude en Afghanistan.

Espèce partiellement migratrice, l’Avocette quitte ses zones de reproduction en Europe du Nord pour passer l’hiver sur les côtes plus tempérées. Ainsi, les avocettes qui se reproduisent en Europe du Nord (Pays-Bas, Allemagne, Danemark) migrent vers les côtes françaises, la péninsule ibérique ou en Afrique du Nord. Les individus de l’Europe centrale et méridionale effectuent des déplacements plus courts, restant souvent en Méditerranée. Les oiseaux les plus migrateurs sont ceux des populations de l’est qui se déplacent vers le Golfe Persique, le nord-ouest de l’Inde et le sud-est de la Chine pour hiverner, venant du centre de l’Asie où se trouvent les aires de reproduction. Les avocettes migrent généralement sur 500 à 2 000 km.

L’Avocette élégante a connu des variations importantes de ses effectifs en Europe au fil des siècles, influencées par des facteurs humains et environnementaux. Au XIXᵉ siècle et au début du XXᵉ siècle, l'Avocette était une cible de chasse pour sa chair et ses œufs. Cette pratique a entraîné un fort déclin de ses populations, notamment en Europe de l’Ouest. Le déclin s'est accentué au XXᵉ siècle avec le drainage des zones humides et l'extension de l'agriculture intense.

L’Avocette élégante est l’emblème de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) au Royaume-Uni, qui symbolise de la renaissance de nombreuses espèces d’oiseaux grâce à la conservation.

La France est le premier pays d’Europe pour l’hivernage de l’Avocette élégante. Depuis 1980, les effectifs hivernants en France sont en augmentation modérée.

En Côtes-d’Armor, cette espèce est considérée comme une migratrice et hivernante rare, mais fidèle à ses habitudes. La baie de Saint-Brieuc, en particulier son fond, reste son site privilégié, surtout en période hivernale. Les observations révèlent un pattern d’apparition distinct : des passages migratoires marqués entre mars et mai, ainsi qu’entre juillet et octobre, suivis d’une présence hivernale plus aléatoire, de novembre à janvier.

 Les plus gros effectifs notés sur les principaux secteurs d’observation sont : 85 à Saint-Jacut-de-la-Mer le 16 septembre 1987, 55 au Sillon de Talbert (Pleubian) le 1 er avril 2001, 55 en Rance maritime le 14 novembre 1992.

En baie de Saint-Brieuc, l’Avocette élégante est un visiteur discret mais régulier. Avec une moyenne de 4 individus accueillis chaque année, ses effectifs y sont généralement stables. En novembre 2024, la baie a enregistré un événement remarquable avec la présence de 95 avocettes élégantes. Ce chiffre, record historique, dépasse largement les précédents pic de 30 en 1997 et 21 individus en 2004. Cet afflux exceptionnel souligne l’importance de la baie comme halte migratoire et refuge hivernal pour cette espèce emblématique.