Survivre au cœur de l’hiver

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Le mois de janvier, véritable cœur de l’hiver, représente une période cruciale pour les oiseaux. La majorité des espèces réduisent leurs déplacements migratoires et se concentrent sur une mission essentielle : affronter le froid. Chaque jour est un défi, où il faut à la fois économiser de l’énergie et compenser les pertes caloriques causées par les basses températures. Où trouver les calories nécessaires pour répondre à leurs besoins énergétiques ? Comment éviter que leur chaleur corporelle ne se dissipe ? Et comment, en parallèle, se préparer à la migration à venir ?

Le plumage : un manteau haute performance

Le plumage est la première ligne de défense des oiseaux contre le froid. En emprisonnant une fine couche d’air chaud près de la peau, il forme une isolation naturelle et efficace. En hiver, de nombreuses espèces, comme les Bécasseaux variables ou les Barges rousses, développent un plumage plus dense, parfaitement adapté aux conditions climatiques de la baie.

Chez certaines espèces, les plumes blanches, comme celles des Aigrettes garzettes, réfléchissent la lumière, réduisant ainsi la surchauffe. À l’inverse, les plumes plus sombres, comme celles des Cormorans, absorbent davantage la chaleur solaire, un avantage précieux lorsque l'on reste longtemps dans l'eau froide.

En complément de cette protection naturelle, les oiseaux adoptent des comportements spécifiques pour limiter les pertes thermiques. Par exemple, ils se positionnent face au vent pour empêcher le froid de s’infiltrer sous leurs plumes. Ils relèvent également une patte sous leur plumage pour réduire les déperditions de chaleur, laissant une seule patte exposée. Enfin, le bec, dépourvu de plumes, est souvent niché sous l’aile lorsque les oiseaux se reposent, contribuant ainsi à conserver leur chaleur et à réchauffer l’air qu’ils respirent.

 

Les réserves adipeuses : un bouclier contre le froid

Sous leur plumage, les oiseaux accumulent des réserves de graisse. Ces réserves jouent un double rôle : elles isolent du froid et constituent une source d’énergie essentielle. Ces ressources sont particulièrement importantes pour les espèces aquatiques de la baie de Saint-Brieuc, telles que les Tadornes de Belon et les Canards colverts, qui doivent faire face à des pertes thermiques accrues au contact de l’eau froide.

Pour éviter l’hypothermie, les oiseaux disposent d’un système d’échange thermique remarquable dans leurs pattes. Les vaisseaux sanguins qui transportent le sang vers les pattes sont en contact avec ceux qui le ramènent au cœur. Ce système de contre-courant permet au sang descendant d’être refroidi, tandis que le sang remontant est réchauffé, minimisant ainsi les pertes de chaleur et optimisant leur énergie.

 

Mieux vivre, ensemble

En hiver, de nombreuses espèces d’oiseaux présentes en baie de Saint-Brieuc adoptent une stratégie collective pour mieux résister au froid : le regroupement. C’est le cas des Limicoles qui se rassemblent sur les reposoirs pour profiter de la chaleur du groupe. Les Cormorans, eux, se regroupent souvent sur des perchoirs pour sécher leurs plumes au soleil et profiter de la proximité des autres individus.

 

Ne pas déranger

Chaque calorie est précieuse pour les oiseaux hivernants, et les déranger peut avoir des conséquences graves. Faire s’envoler un groupe de Limicoles ou perturber un repos collectif sur une plage revient à leur faire gaspiller une énergie précieuse, difficile à compenser en plein hiver. Un oiseau épuisé, incapable de maintenir sa température corporelle, voit immédiatement ses chances de survie diminuer.

Respecter ces zones d’hivernage, notamment à marée haute, est essentiel pour leur permettre de se reposer et de se nourrir en toute quiétude.

 

Une période décisive pour l’avenir

L’hiver constitue une étape décisive pour les oiseaux. Seuls ceux qui parviennent à maintenir leur poids et à préserver leurs forces pourront survivre tout en accumulant les réserves indispensables à leur future migration. Toute perturbation durant cette période compromet leur capacité à constituer ces réserves vitales, essentielles pour la migration prénuptiale.

Cette période de préparation est déterminante, car les oiseaux hivernants doivent accumuler assez d’énergie pour rejoindre leurs sites de nidification, souvent éloignés. Ce défi est particulièrement vrai pour des espèces comme le Pluvier argenté, dont les couples peuvent commencer à se former sur les sites d’hivernage avant de migrer vers des territoires de reproduction plus au nord.

 

 

Page inspirée par nos collègues (et amis) de la Réserve du Teich